LE CHEMIN LE PLUS COURT POUR IMPOSER LE RETRAIT, C’EST L’APPEL À PROCLAMER

PARTOUT L’ÉTAT DE PRÉPARATION DE LA GRÈVE GÉNÉRALE.

Éditorial de la TT électronique quotidienne du vendredi 20 décembre 2019
(Supplément à la TT hebdo N° 219 )
Plus qu’un journal, Le Monde est une institution de la Ve République. À ce titre, ce quotidien est à l’affût du moindre signal allant dans le sens du rétablissement de « l’ordre » capitaliste… c’est-à-dire de l’arrêt de la grève. C’est donc tout réjoui que, ce 20 décembre, il titre : « Réforme des retraites : le gouvernement fissure le front syndical avant Noël ».

À y regarder de près, il n’y a pourtant là rien de surprenant. Que la direction de l’UNSA, acquise depuis le début au principe de la retraite par points, fasse mine de voir des ouvertures dans les déclarations du gouvernement, ou que la direction de la CFDT veuille y déceler des signes positifs, c’était là un scénario prévisible. Que par ailleurs dans des entreprises fermées ou qui tournent au ralenti ou dans des administrations et des écoles fermées pour les congés, la situation soit moins propice à l’extension des grèves, rien de surprenant non plus.

Pour autant, la crise majeure, sociale, politique et de régime, ouverte depuis le 5 décembre, est-elle au bord de se refermer ? Le Monde voudrait y croire mais reste prudent et s’inquiète de « savoir comment ces annonces seront accueillies par les grévistes, notamment ceux qui sont adhérents » à la CFDT ou à l’UNSA. Interrogé dans le même article, l’ancien conseiller social de Sarkozy, Raymond Soubie, met en garde : « Le problème, c’est la base. Il faut voir la manière dont elle va réagir. »

C’est tout le problème, en effet. Depuis la grève massive du 13 septembre à la RATP, c’est d’en bas qu’est venue l’impulsion vers le 5 décembre. C’est en bas que se sont multipliées les assemblées générales souveraines, les élections des comités de grève sur la base d’un mandat. C’est d’en bas, remontant vers le haut, que s’est imposé comme un mot d’ordre commun à tous : « Retrait ! ». Et aujourd’hui, c’est en bas qu’à la SNCF et à la RATP les travailleurs – quelles que soient leurs affiliations syndicales – décident de poursuivre le combat.
Faudrait-il en conclure que la position prise aux sommets est secondaire ? Non, bien évidemment ! Les travailleurs qui, en bas, décident des formes et des moyens de combattre sont en droit d’attendre des dirigeants qu’ils prennent leurs responsabilités. Hier, l’intersyndicale FO, CGT, FSU, Solidaires a réaffirmé l’exigence du retrait et convoqué une nouvelle journée d’action. Décision contradictoire : la succession de journées d’action saute-mouton risque d’épuiser et de disperser les forces. Face à l’obstination du gouvernement, le chemin le plus court pour imposer le retrait, c’est l’appel à proclamer partout l’état de préparation de la grève générale.